Ton petit bout de chat dort sur le vieux divan,
Il défend ta maison qui est aussi la sienne,
Il ne dort que d'un œil, dit l'expression ancienne,
Il choisit tes amis et c'est un grand savant.

Ses rêves sont puissants. Son intuition terrible
Fait de lui le voyant tellement redouté,
Il sait lire les visages avec fidélité,
Rien ne sert de tricher car il est infaillible !

Je m'approche de toi, son oreille frémit,
Il est jaloux, je crois, de ces mots de tendresse
Inventés en mon âme pour sa belle maîtresse,
Qu'il découvre au matin dans mes bras endormie.

Je caresse sa fourrure luisante et parfumée,
Il allonge ses pattes et s'étire en riant,
On dirait un instant ce tapis d'Orient
Qu'en un coin de mémoire, un jour j'ai imprimé…

Ton petit bout de chat, garant de ta vertu,
Obstacle symbolique entre deux corps qui s'aiment,
Lève vers moi ses yeux où les étoiles sèment
Des rivières de diamants de galaxies vêtues.

Il se dresse soudain et son dos arrondi
L'espace d'un moment lui confère la force
D'aller vers la fenêtre et de bomber le torse,
Demander en miaulant d'une voix assourdie

L'ouverture d'un monde où les chats souverains,
Sur les toits de la ville mènent leur nuit étrange,
Leurs ballets infinis que le jour ne dérange,
Leur vie de liberté qui échappe aux humains !