Une vieille maison, perdue dans la campagne,
Abandonnée naguère sans amie ni compagne,
Pour bavarder un peu à l'ombre du ruisseau,
Ce chuchoteur magique, complice des oiseaux ;
A laissé le grand toit dont elle était si fière,
Ses beaux parquets vernis, ses fenêtres altières,
Pour inviter le vent à venir y jouer
Ses douces mélodies et ses rythmes enjoués ;

Maison des Arbres, contre le marbre des rochers,
En funambule, par un fil si mince attachée,
Tu nous ressembles et ton cœur plein de tourments,
Dompte la pierre sous l'œil livide du firmament !

Bientôt le Musicien apporta les semences
Des buis de la garrigue, des acacias immenses,
Pour peupler la chaumine de nouveaux habitants,
A la senteur divine quand revient le printemps ;
Les Arbres ont tant jailli qu'ils ont recouvert d'ombre
Et de fraîcheur exquise la trace des décombres,
Ainsi les amoureux viennent s'y reposer
De leurs jeux délicieux et quelquefois osés !

Maison des Arbres, contre le marbre des rochers,
En funambule, par un fil si mince attachée,
Tu nous ressembles et ton cœur plein de tourments,
Dompte la pierre sous l'œil livide du firmament !

C'est la Maison des Arbres, souverains ils accueillent
D'un rameau triomphant à la cime des feuilles,
En signe de victoire, présage d'amitié,
Tous ceux pour qui la vie dévie de son sentier,
Tous ceux pour qui l'esprit est un livre d'images,
Quand les yeux sont fermés et qu'ils rendent hommage
Aux fleurs imaginaires de leur inspiration,
Aux bouquets éphémères de ton élévation…

Maison des Arbres, contre le marbre des rochers,
En funambule, par un fil si mince attachée,
Tu nous ressembles et ton cœur plein de tourments,
Dompte la pierre sous l'œil livide du firmament !