Refrain :
Ma chanson se résume
A un p'tit peu d'écu-
Me bleue,
Glanée chez les oiseaux,
Qui survolent les flots,
Scabreux ;
Ce qu'il nous faut savoir :
L'altitude du soir Fiévreux,
Et comment délier,
Sans doute par milliers,
Les nœuds :
Les nœuds à l'estomac,
Quand l'angoisse rabat
Ses feux,
Annuler d'un soupir,
Tes craintes, nos désirs,
Je veux.
Par une nuit bien douce du joli mois de juin,
Pour émousser ma frousse dans ce pays malsain,
Sans, en aucune sorte, gentiment abuser
De l'aide d'une boisson forte, d'un tabac frelaté ;
Rassemblant mon courage, en ultime argument,
Je chantais avec rage jusques au firmament :
Quand, soudain, sur la scène une bande de voyous,
Intellectuels obscènes, ou pédants de dix sous,
M'interpellent : "Jean-Marie, ta conduite déshonore
L'estime qu'on nourrit de toi, peut-être encore ;
Oui, les temps ont changé, le monde fait naufrage,
Commente l'actualité, délivre un lourd message :
Au salon luxueux devant l'éternité,
Votre savoir pompeux flambe en mondanités !
Et même sur le terrain vous êtes très joyeux,
La caméra s'éteint, recoiffez vos cheveux :
Le temps réel galope, un autre rendez-vous
De commerce interlope se languit tant de vous !
Nous, gens de bas étage, à coups de pied au cul,
Chassons les enfants sages de ceux qui ont maintenu
Les poètes aux cachot, la nullité sur terre,
Qui achètent au kilo les livres, prolétaires !
Quand les auteurs sont morts et qu'ils sont reconnus,
Ils s'octroient les trésors, ces usuriers chenus.
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