Quand Ivre de Fatigue

Paroles et musique J-M LOUBRY

 
Quand, ivre de fatigue, je regagnais mon huis,
Les bruits de la journée envahissaient la nuit,
Ils formaient dans ma tête une symphonie muette
De cuivres, de tambours, et de bassons en fête,
D'instruments déréglés au souffle de l'ennui.

Monstruosités vagues en partitions étranges,
Aux désaccords profonds, aux notes qui dérangent,
Mon oreille intérieure perdait toute harmonie
En niant la musique enveloppant mon nid,
Le circuit bien percé, je pleurais dans la fange.

Je n'aimais rien de moi, d'un trait ferme de plume,
Le vacarme rayait de ma pipe d'écume
Les vapeurs essentielles qu'émanait mon cerveau ;
Je n'aimais rien des autres, fruits secs d'un jour nouveau,
Qu'une éclipse partielle habillait dans la brume.

J'avais comme compagne la voix de la vieillesse,
Au kilomètre mille cent elle s'impose en maîtresse,
Oh, ma femme, mes enfants, vous m'étiez si lointains,
J'voulais vous retrouver, me reposer enfin,
De vos bras souverains, sentir une caresse.

Mais, en ces paysages, l'étoile inaccessible
Se cache dans les nuages de mon visage cible,
Les pensées se diluent, faute de récepteur,
Et les ondes brouillées n'atteignent plus mon cœur,
Devenu, malgré lui, un long gouffre insensible...

Puis, l'orchestre maudit s'éloigna peu à peu,
Les faubourgs de ma ville s'annonçaient de leurs feux,
Augmentant les lueurs, j'avais tout oublié,
De la mort, de la peine, de l'orage singulier.
Oui ! j'étais parmi vous, magnifique et heureux.

Quand, ivre de fatigue, je regagnais mon huis,
Les bruits de la journée envahissaient la nuit,
Ils formaient dans ma tête une symphonie muette
De cuivres, de tambours, et de bassons en fête,
Du cauchemar terrible le souvenir me nuit !
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