Je te rencontre chaque jour
Au même endroit de ma balade,
Fidèle au lieu de ton séjour
Tu m'accueilles, quelle rigolade !
Les premières fois, ne disant rien,
Je suis timide et solitaire :
Parler sonne faux, bel Adrien,
Tu as l'habitude de te taire !
Maintenant, je te donne tout
Ce qui me passe par la tête,
En mots codés, jolis surtout,
Les phrases pures d'un esthète ;
Les confidences, pour l'amitié
Sont un poison d'une violence,
Qui ne fera pas de quartier,
Je les évite, c'est l'évidence !
Bien enfermé dans ton silence,
Bel Adrien, tu me contemples
Les traits figés, mais l'indolence
Ne te sied guère dans ton temple !
Je ne m'énerve pas, tu vois,
Et ton miroir me désaltère,
L'image de moi qu'il renvoie,
Me paraît souvent salutaire !
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