Une nuit dans ma loge
d'artiste,
Mon récital tout juste fini,
Je me souviens que j'étais un peu triste,
Ma guitare boudait aussi...
C'est alors qu'apparut
Un angelot cornu,
Il me dit :
"Pour limiter du spectacle la casse
Je vais t'offrir,
Une chanson carrément cocasse,
Un vrai plaisir !
Tu vois, mon vieux, dans le monde du spectacle,
Quand on chante et l'on vit ce que l'on dit,
On n'est pas souvent porté au pinacle,
On est puissant, on est un poète maudit."
Nous avons, bien sûr, vidé quelques bières
En écrivant ;
Ma petite réserve de bon vin des Corbières
Allait séchant...
C'est alors qu'apparut
Une chanson bien foutue,
Il me dit :
"Certains poètes de ce siècle m'agacent,
C'est inquiétant ;
Ils ont l'œil morne, le verbe inefficace,
C'est consternant !
Oh ! continue de chanter Baudelaire,
Verlaine, Rimbaud, François de Montcorbier,
Les imbéciles joueront la fille de l'air,
Tu chanteras pour l'autre moitié !"
Depuis ce jour, je sillonne les routes,
Avec courage, avec entêtement,
Sans me soucier des succès des déroutes,
A cheval sur mes pauvres tourments ;
C'est ainsi que l'a voulu,
Cet Angelot cornu,
Mon angelot cornu !
|