Les Moineaux de la Gare de Lyon
Paroles et musique J-M LOUBRY
Les moineaux de la gare de Lyon,
Comme de véritables champions,
Se rehaussent sur leur croupion,
Faux prolétaires ;
Ils se gavent de croissants chauds
Qui s'émiettent des bistrots
A quatre étoiles c'est pas trop,
Comme les notaires !

Les moineaux de la gare de Lyon,
Formant d'obèses bataillons,
Fondent sur les lourds papillons
De croûtes blondes ;
Ils décollent sous leur fardeau
Aussi légers que pintadeaux
Aux ailes prisonnières de l'eau
Miroirs de l'onde !

Les moineaux de la gare de Lyon
Sont d'intraitables compagnons,
Quand l'aube efface les lampions
De la nuit blanche ;
Infatigables travailleurs,
Ils chapardent, gros aiguilleurs,
Dans le vacarme ferrailleur
La faim s'étanche !

Les moineaux de la gare de Lyon,
Comme les singes les morpions,
Ont délimité leur région
Gare à la triche !
Tu ne peux pas être roi
De ce pavé à cet endroit
Car c'est le mien, vieux maladroit
Et je suis riche !

Les moineaux de la gare de Lyon
Me contemplent avec suspicion
Mes tennis, mes jeans en haillons,
Quelle décadence !
Pour cette contrée bien nourrie
Jolie vitrine de Paris,
Ca fait désordre pour le prix,
C'est l'évidence !
Les moineaux de la gare de Lyon,
En boulimiques centurions,
Dans la caverne des millions
Sous les arcades,
Au creux des plumes ne cachent-ils pas
Un peu de honte pour ces repas
Qu'aurait vomis leur grand-papa
Des barricades ?

Les moineaux de la gare de Lyon
Etaient gavroches oisillons,
Chanteurs de la Révolution
Depuis leur branche ;
Prodiguant la fiente au bourgeois
A l'heure où le soleil rougeoie,
Fantôme frileux et rabat-joie
Large des hanches !

Les moineaux de la gare de Lyon,
C'est sans doute par contagion
Des hommes, qu'ils jettent les fanions
De la révolte ;
Car le supplice des bien nourris,
Esclaves de leur gloutonnerie,
C'est d'écarter les écuries
De leurs récoltes !

Les moineaux de la gare de Lyon,
C'est vrai je les trouve mignons,
Pourvu qu'ils s'aiment à l'occasion,
Tendre famille ;
Souhaitons qu'il naisse pour leurs enfants,
De ce trop plein ébouriffant,
Un humanisme triomphant
Sous les guenilles !








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