Palis

          Paroles Evelyne Mercadal
   Musique J-M LOUBRY

 

Dans ce verger rieur, dort une maison basse,
Les ailes repliées sur un doux nid couvé
Les jonquilles, que l'aube étoile d'or, délassent
Mille fronts couronnés, par le froid éprouvés…

Sur le vieux toit voûté, dont moussent les ardoises,
Deux lucarnes cintrées ouvrent leurs yeux saillants.
Humbles, ses murs de craie, sous la vigne courtoise,
Se couvrent des assauts de son fourreau seyant.

Les volets sont fermés, sauf à cette fenêtre
Où le soleil renvoie, en frappant les carreaux,
Quelques clins d'œil fripons. Près du seuil, sens-tu naître
Comme un sourire clair… qui t'invite en héros ?

Les tommettes briquées ont préservé l'empreinte
Du pas lourd des sabots de bien des filiations.
Un portemanteau noir dans la lueur restreinte,
Que des félins fourbus portent par dévotion,

Croule sous les bérets, plusieurs chapeaux de paille,
Les cannes, les vestons, les parapluies brunis.
Des effluves de cire et d'herbe séchée baillent
Des ventaux entrouverts qu'un courant d'air unit.

Dans la salle engourdie, sommeillent deux alcôves…
Là, rêvent souriants les tout petits enfants,
De comptines bercés par la comtoise fauve.
Une flambée ronronne, ou crache et les défend…

L'armoire patinée sent la pomme ridée
Et garde en souvenir de ses premiers printemps
De fins mouchoirs brodés, quelques fioles vidées,
Des robes en dentelle au doux charme d'antan.

Les poutres du plafond craquent dans le silence…
En conte tout autant cet escalier branlant !
Les portes du buffet crient par inadvertance…
Puisque le bois riant vit en s'interpellant !

Et si cette demeure est une vieille dame,
Aux mitaines tronquées, aux retroussis charmants,
Elle sait bien chérir dans son giron les âmes,
Murmurant ses pensées, sempiternellement…

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