Est-ce toi mon amour, ou bien le vent du sud,
Qui pleure tout-à-coup et sourit aux fontaines
De mon inspiration, se faisant capitaine
D'un long vaisseau captif des grandes latitudes,
Aux frontières du doute, de la mélancolie
Fille cadette boudeuse d'un désespoir trop vaste
A porter, pour un cœur que la marée dévaste,
Qui se protège alors, appelant l'embellie ?

Est-ce toi, est-ce lui, est-ce toi ou lui ?

Est-ce toi mon amour, ou ce lointain rivage,
Qui me ferme les yeux pour voir l'immensité
D'une colline sonore, tout près de la cité
Aux murs de pierre sèche où poussent des fleurs sauvages ;
Visionnaire infini par-delà les étoiles,
Qui me dicte les mots, les sons et les couleurs
Dans un langage simple, rythmique ciseleur
Des vers ivres d'air pur, tendus comme la toile ?

Est-ce toi, est-ce lui, est-ce toi ou lui ?

Est-ce toi mon amour, ou ce brûlant projet,
Qui m'invite ce soir à m'allier de ces codes
Qui font les chants nouveaux ? Si la musique brode
Un motif harmonieux, le mal paraît léger
A quitter son armure construite d'artifices,
A laisser son image inutile demain,
Et parler sans contrainte sur de grands parchemins
De mon vieux mal de vivre, vêtu de maléfices.

Est-ce toi, est-ce lui, est-ce toi ou lui ?

Est-ce toi mon amour, ou bien la résurgence
D'une source lointaine que l'on croyait tarie ?
Sous le soleil d'été le sol endolori
De la garrigue brune fait serment d'allégeance ;
Tout comme moi ce soir, venu remercier
La Muse de mon cœur et ses riches décors,
Me donnant le message de continuer encore
Ce chemin merveilleux pour tant de sabliers !

Merci, mon Amour, merci !