Je veux vous dire ce qui me trouble,
Et me dérange tout à la fois,
Quand je regarde au miroir double
L'image venue d'un autre moi,
Je me ressemble à m'y méprendre :
Cette silhouette inachevée
Ne donne pas à l'aube tendre
Le profil dont j'avais rêvé...
Car depuis ma tendre enfance,
Je me suis toujours appliqué
A coller à l'évidence,
Enfin, celle que j'imaginais :
Les illusions gardent mystère
Quand je peaufine le vernis,
Des paramètres contestataires
Constatent un trouble dans le nid !
Imaginez un paysage
Où chaque courbe est harmonie,
Où les couleurs savantes et sages
Se conjuguent à l'infini :
Que manque-t-il à ces merveilles ?
Vous ne sauriez le définir,
Pourtant un sentiment sommeille
De vérité longue à venir...
A me chercher la bonne excuse,
Je déforme un peu le tableau :
Je justifie par une ruse
J'éclaircis d'une goutte d'eau :
Est-ce le froid ou une larme
Qui le couvre ainsi de rosée ?
Le vin rosé pose les armes,
Le tonneau peut se reposer !
A vivre comme un automate
Aux mimiques téléguidées,
Je mériterais vos tomates,
Pour mon indigence d'idées ;
C'est bien la raison pour laquelle
Je songe encore au fond de moi,
Que mon œuvre la plus belle
N'est pas sortie de mon émoi !
Je l'attends avec impatience
Cette chanson qui portera,
La signature de ma science
Et ma paternité d'aura !
Je t'appelle et te fais des signes,
Et même si tu ne viens pas,
Oh mon trésor, mon chant du cygne,
Je te dirai jusqu'au trépas !
Do, si, la sol, fa, mi, ré, do,
A faire tant de gammes, s'ennuie mon piano,
A faire tant de gammes, s'endort mon piano...
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