Une petite affiche au papier jauni
Me parle de vous, belle Madame Irène,
Lorsque je m'installe au clavier béni
Des Muses et des dieux, à l'heure sereine
De l'inspiration, qui tant et tant m'entraîne
Au pays merveilleux des riches harmonies ;
Oui, les amours du cœur deviennent souveraines,
Quand tant d'images affluent, venues de l'infini.
La petite affiche au papier jauni
Me parle si bien, image pénétrante,
De votre arrivée superbe à Paris,
Dans l'effervescence de vos années trente,
Le trac vous prenait, ô sublime artiste,
Avant que ne naisse la première vision,
Le temps paraît très long, puis, comme le guitariste
Les doigts ne tremblent plus, bravo la précision !
Cette petite affiche au papier jauni,
Est beaucoup plus forte qu'une lanterne magique,
Son écran m'emmène en catimini,
Vers un long voyage, jamais nostalgique,
Où je vois Rimbaud chanter pour nous deux,
"Lettre du voyant" quand il associe,
Un médium subtil au poète hideux,
Sous les mêmes cieux, soudain éclaircis.
Que sont vos tarots devenus,
Votre boule de cristal,
Vos clients sur l'avenue
Et leur drame sentimental :
Ceux qui venaient vous consulter
Guidés de l'intime folie,
Amants de la naïveté,
Leur forfait à peine accompli ?
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