Parisien, mon Pauvre !

Paroles Raymond Cases
Musique J-M LOUBRY

Parisien, mon pauvre, quand nanti d'un barda à faire à faire pâlir les déménageurs,
tu t'élances sur la route vers ce que tu n'as pas dans ta ville lumière, le soleil,
tu ferais bien de ne plus penser que tu vas chez les parents pauvres.
Tu ferais bien de penser que les lois de la politesse ont encore cours en France.
Tu ferais bien, quand troupeau désœuvré, toi et les tiens,
encombrez les trottoirs exhibant les jambes un peu trop blanches,
trop rouges aussi parfois, tu ferais bien de penser
que la ville qui t'accueille contient encore des gens
qui travaillent et que ta flânerie les gêne un peu.
Quand tu exhales cette odeur de produit solaire à bon marché,
tu devrais penser que les gens d'ici ont un nez
et que tu les incommodes parfois.
Quand au volant de ta voiture, tu flânes au milieu des rues ou des quais,
tu devrais penser que les autres, sans être des fous du volant, voudraient quand même circuler.
Quand tu empoisonnes nos plages, tu ferais bien de penser
qu'elles étaient bien plus belles sans ton château de toile,
tes eaux grasses, tes déjections et quelquefois ton chien !
Tu devrais penser que depuis belle lurette,
les provinciaux ne sont pas épatés par le fard et le clinquant de la capitale,
de cette capitale que tu crois posséder, mais qui a fait de toi une fourmi parmi tant d'autres.
Tu devrais te dire que les gens qui vivent ici
ont pu se faire une place au soleil et qu'ils rient de toi
quand tu fais le flambeur en pensant aux couloirs sombres du métro
dans lesquels tu passes une partie de ta vie de termite affairé.

En quelques mots, tu devrais te conduire en homme civilisé
et alors tu verras que l'hospitalité du Midi existe,
tu verras un sourire autre que celui des commerciaux,
car nous n'avons pas encore, dieu merci,
eu le temps d'être transformés en machines inhumaines !

Flâner, bavarder, rire, aimer et travailler en temps utile,
voilà ce que nous savons faire dans le Midi...

Sommaire