L'Absence

Paroles et musique J-M LOUBRY

 

Refrain

Ce soir je partirai, oui ce soir je m'en irai,
Je ne sais vers quels monts par-delà les frontières,
Avec pour passeport des chansons entières,
Où l'on parle d'amour, où l'on vibre d'aimer.

C'est un chien perdu rue de la fourrière, l'absence,
C'est l'adolescent qui part en révolte, l'absence,
C'est cette musique qui meurt sous les volts, l'absence,
C'est cette lumière, hier encore altière,
Et qui ne sait plus quel était son but.
C'est ce paysage qui meurt de passage, l'absence,
C'est ces longues rues qu'on ne parcourt plus, l'absence,
Qu'avec le regard un peu plus qu'hagard, l'absence,
Comme un cinéma, aux murs projeté,
Et qui n'entre plus dans ton âme fière.

C'est mordre la vie de son œil d'aveugle, l'absence,
C'est n'émettre des mots qu'avec son cerveau, l'absence,
Qui restent bloqués car on les sent faux, l'absence,
C'est ne plus parler qu'en fleuve muet,
Qui roule ses branches et se fout du reste.
C'est prendre le train comme on prend une main, l'absence
C'est voir chez les autres que des bons apôtres, l'absence,
C'est penser à soi, à défaut de choix, l'absence,
C'est de l'égoïsme qui s'est imposé
Dans ton poing fermé qui sent la misère.

C'est penser souvent aux spectres d'antan, l'absence,
C'est satelliser quelques êtres aimés, l'absence,
Au fond d'un cerveau qui s'use de trop, l'absence,
Qu'on n'a plus envie de combler de vie,
Qu'on laisse pleurer des nuits entières.
C'est ne plus chercher à r'voir ses copains, l'absence,
De peur d'être déçu, de peur qu'ils soient déçus, l'absence,
C'est ne plus trancher le pain d'amitié, l'absence,
C'est comme un verrou qui vous tient debout,
Qui vous laisse coi, je ne sais pourquoi.

C'est prendre la fuite à défaut de cuite, l'absence,
C'est se dégrader pour se dégrader, l'absence,
C'est perdre un terrain convoité de loin, l'absence,
C'est l'amie macabre qui vous plante son sabre
Pour mieux en finir de vos flambées tristes.
C'est louper un train qui part pour la vie, l'absence,
Préférer la mort à la Sibérie, l'absence,
C'est voir dans l'néant un refuge blanc, l'absence,
C'est soigner son corps pour qu'il traîne encore,
On ne sait jamais vers quelle misaine.

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