LA TORTUE ET LE LIÈVRE...
On peut revendiquer une belle chevelure
Et pourtant ne pas être gentil pour deux sous,
Avoir l'esprit tordu, une vieille fêlure
Qui grève le cerveau aux neurones dissous !
Servir le vin facho au coeur de son délire
Et porter la scoumoune à ses plus chers amis,
Désaccorder en traître la guitare et la lyre
En espérant un couac de la corde de mi !
Gare aux apparences, évite de juger,
T'enflammer trop vite, tu seras piégé !
Garde ta réserve, ton sourire mièvre,
Préfère la tortue à ce pauvre lièvre,
Ô oui !...
  
On peut revendiquer un coquet compte en banque
Et flamber dans la ville devant les copains,
Feindre d'aider souvent les fauchés saltimbanques
Qui rencontrent des problèmes avec leur gagne-pain !
Mais, en réalité, être un grigou notoire,
Un monstre d'égoïsme et un fieffé rapiat,
Un bigot forcené dont le seul exutoire
Est de compter son fric, sordide galapiat !
On peut revendiquer chacun son uniforme
En espérant tromper le client averti,
Je ne regarde plus que des filles les formes,
C'est le plus beau spectacle, émotion garantie,
Mais, c'est bien naturel, et là,  putain de moine !
L'accoutrement choisi mérite réflexion,
L'habit devant nos yeux fait rarement le moine,
Je retarde sans cesse, ma fameuse érection.
Il faut revendiquer chacun son évidence,
Tiens, la fille chantante, si courtement vêtue
Que son corps se dessine sous cette soie qui danse,
Aux arabesques fines du rythme soutenu !
Est beaucoup plus pudique que la grosse mémère
Assise au premier rang les cuisses écartées,
Regard réprobateur, éructation amère,
Comme un reflet fidèle de la haute société !
Gare aux apparences, évite de juger,
T'enflammer trop vite, tu seras piégé !
Garde ta réserve, ton sourire mièvre,
Préfère la tortue à ce pauvre lièvre,
Ô oui !...