LETTRE POUR ARTHUR RIMBAUD 
« Ah ! Songer est indigne
Puisque c'est pure perte !
Et si je redeviens
Le voyageur ancien,
Jamais l'auberge verte
Ne peut bien m'être ouverte »
Ne m'en veux pas Arthur Rimbaud
Si mes semelles te semblent lourdes,
Toi le savant, toi le plus beau,
Ignore les chansons balourdes !
Je suis « l'horrible travailleur »
A qui sourit parfois la rime,
Ni le voyant, ni le veilleur,
Je suis le vent, bien loin des cimes..
Même si c'est « pure perte »
Je veux rêver toujours,
La fenêtre grande ouverte
Pour mon hymne à l'amour.
Sur les routes, les chemins,
Les rivières, les étangs,
Je leur tendrai la main
En défiant le temps !
Les fleurs et les cailloux,
Les brigands, les voyous
Sont sensibles à mon chant,
Une courte seconde
Leur esprit vagabonde, 
Oublie d'être méchant...
Ne m'en veux pas Arthur Rimbaud
Si mes voyages féeriques,
Seraient pour toi pâles flambeaux
N'éclairant pas les Amériques !
Si les ivresses de mon bateau
N'ont pas cette senteur d'absinthe,
Si les esclaves sur les poteaux
Se moquent bien de ma complainte !
Ne m'en veux pas Arthur Rimbaud
Si je n'ai pas connu l'enfer,
Le paradis était mon lot
Au grand jamais je n'ai souffert !
Je voudrais tant le partager 
Dans mes chansons et ma guitare,
Servir aux pauvres naufragés
Un petit verre de vrai nectar !
Ne m'en veux pas Arthur Rimbaud !