LA DROGUE DU PAUVRE
De la drogue du pauvre j'ai rempli les pichets,
Juste après le spectacle il faut boire le cachet,
Il ne tient plus qu'à vous de venir à ma table,
De décider enfin si je suis fréquentable !
Les élites sont parties se masturber ailleurs,
Les bourgeois ont des yeux de fusil-mitrailleur,
Voici des picodons et prenez une chaise,
Non, ce n'est pas un cours d'horrible catéchèse !
Ne soyez pas raciste, qu'il soit rouge ou rosé,
Le vin est un trésor de soleil embrasé ;
Portez la coupe pleine à vos lèvres rosées,
Epuisées de contraintes, de quotidien usées !
De la drogue du pauvre j'ai rempli les pichets,
Les nectars de ce soir n'ont pas vieilli en chai,
Mais dès le premier verre vous vous sentirez bien,
Pourrez vous relâcher et vous détendre un rien !
Puis au deuxième verre vous prendrez la parole,
Epanouie de plaisir à jouer votre rôle,
Au troisième godet ne pourrez plus mentir,
Vous vous découvrirez sans même un repentir !
Ne soyez pas raciste, qu'il soit rouge ou rosé,
Le vin est un trésor de soleil embrasé ;
Portez la coupe pleine à vos lèvres rosées,
Epuisées de contraintes, de quotidien usées !
Vous direz « quel bonheur, salut mon utopie !
J'étais stupide enfin de survivre accroupie,
Coincée dans la morale que m'avait imposée
La société banale pour me canaliser ;
Pour m'empêcher d'éclore dans ma richesse intime,
Pour me laisser guider, consentante victime,
Être la proie facile et l'ombre de la proie
Qu'une divinité accuse, puis foudroie » !
Ne soyez pas raciste, qu'il soit rouge ou rosé,
Le vin est un trésor de soleil embrasé ;
Portez la coupe pleine à vos lèvres rosées,
Epuisées de blasphèmes, de quotidien usées !
De la drogue du pauvre j'ai rempli les pichets,
Juste après le spectacle il faut boire le cachet,
Il ne tient plus qu'à vous de venir à ma table,
De décider enfin si je suis fréquentable !
Je suis fréquentable, moi ?...
Hein !... Que dis-tu ?... Que dis-tu ?...